Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Senior Rôliste

Blog sur le JDR, la littérature fantastique, des portraits de rôlistes, par un rôliste français vivant au Japon

Brancalonia: des corvées, des baffes et du pinard!

Dans l'univers fantasy, il y a ceux qui, par leurs actions, changent la destinée d'un monde, dirigent des croisades, érigent des nations, repoussent un envahisseur invincible, réalisent l'impossible... Et puis il y a ceux dont tout le monde se fout: ceux qui meurent dès les premières secondes d'une mêlée sur un champ de bataille, croyant passer au broyeur à viande pour la bonne cause.

Et puis il y a ceux dont tout le monde se fout encore plus: vous. Dans Brancalonia, qui nous vient d'Italie, et traduit de l'italien au français par la maison d'éditions Studio Agate (moi, fils de pied-noir ce détail compte!), vous incarnez une canaille, un moins que rien qui n'a pas plus grande ambition, sinon de dilapider ses maigres gains à faire la bringue dans les rues de la soif de tous les Trou-Sur-Bouse des environs. 

Une clique de canailles

"Vous, vous prenez la place des héros quand les choses se passent mal: vous êtes des escrocs paresseux, de la racaille sans valeur, des dilettantes apathiques et des lascars cupides. Sales, hideux, sans foi ni loi."

Par ces simples mots, le décor est planté, dans un monde ressemblant non pas à une botte d'Italie mais à une chaussette sale longue mal retournée -l'Etat Lie - avec des villes au nom très évocateurs comme Port-Andouille ou Bivouaccio. 

Un univers fantasy néanmoins empli de magie, d'anges et de démons, de complots politiques à l'échelle de la noblesse régente, de guerres et autres sacs de noeuds géopolitiques, de duels d'honneur pour une demoiselle ou pour une insulte légère ou au contraire un florilège d'immondices jamais entendues dans des oreilles aussi prudes. C'est d'ailleurs plus dans ses derniers cas qu'on y verra votre museau s'en mêler...

D'ores et déjà il suffit de peu pour que les joueurs s'adaptent à l'ambiance, et incarnent à merveille ce que l'on attend d'eux dans Brancalonia: un druide puant sans aucun tact ni bon sens, se laissant guider par "l'esprit de la nature qui peut être doux comme une brise matinale, ou terrible comme la foudre déchaînée", et ce, de jour comme à l'heure du loup, ce qui vaut au brave et odorant druide d'avoir sa sale trogne sur un avis de recherche avec prime de quelques pièces d'or pour tapage nocturne, trouble à l'ordre public et grivèleries répétées...

Ermi Puyr dit "Fureur fécale"

Il est accompagné d'un échappé des enfers, un malebranche ayant rejoint la surface pour profiter des plaisirs terrestres, laissant derrière lui ses pouvoirs diaboliques, sans pour autant s'être départi d'une attitude puante, une arrogance souvent dangereuse qui lui a valu quelques douzaines de gnons dans la figure. Cambriolage, faux-monnayage, grivèlerie et vol à l'étalage comptent parmi les méfaits commis par ce méprisable et hautain personnage.

Des vilains comme ces deux là, il y en a pelletées qui s'associent en cliques avec un chef à leur tête plus futé que la moyenne du troupeau.  

C'est ainsi que débutent les aventures de vos canailles en Etat-lie.

Motorisé par le système de la 5ème édition, c'est avec sérénité que l'on peut aborder ce setting original: pas besoin de se lancer dans l'assimilation de nouvelles règles, chic!

Et pourtant si, allez, il y a quelques ajouts aux règles de base - et quels ajouts je dois dire !- Brancalonia vient en effet avec un simple mais très efficace système de bagarre: cela revient à faire un combat dans les règles, la seule différence est qu'au lieu de perdre des points de vie, le personnage a une jauge de "gnons", qui une fois épuisée équivaut à perdre conscience. Il ne meurt pas non, en revanche la bagarre répondant à un code très strict, le vainqueur d'une bagarre pourra dépouiller l'autre à loisir, pouvant laisser votre personnage en slip et chaussettes (s'il en portait) dans une allée entre deux tas d'immondices, voire lui même couvert d'immondices "fraîches". 

Il m'a fallait une beigne, je lui ai filé une mandale...

Les participants à une bagarre disposent de prises, la plupart communes, d'autres spéciales, voire magiques ainsi que, pour les plus expérimentés, de véritables coup fourrés. Hurlement dément, coup de boule, croc-en-jambe, saut plongeant voire balancer sa soupe à la figure de l'adversaire ou tout ce qui passe sous la main (verres, assiettes, chaise, table, bouteilles, tonneaux etc), ce qui, vous pouvez déjà l'imaginer, peut vite transformer un troquet tranquille en véritable pogrom d'ivrognes où volent mobiliers et vaisselle.

Alléchant n'est ce pas ? Les joueurs qui ont testé Brancalonia ont eu leur première bagarre dans les 10 minutes après le coup de dé de départ: en demandant son chemin à une inconnue sourd dingue et maugréant, notre ami le druide, qui sentait particulièrement des pieds, a vite perdu patience au silence de celle ci, et a cru bon de lui mettre une baffe dans l'espoir d'un regain d'attention, ce qui a inéluctablement fini en bagarre générale dans la rue pourtant calme en ce début d'après midi... Un test très concluant et enthousiasmant pour les deux joueurs, d'autant plus que ce système peut très facilement s'exporter dans n'importe quel jeu 5e. 

Talon de l'Etat-lie

C'est tout ? Très loin de là, outre le setting qui se veut très humoristique et grinçant, ce serait une erreur de passer sur la richesse qu'offre le monde d'Etat-lie, sa justice, sa noblesse et ses régions qui offrent moult opportunités de corvées pour se remplir les popoches.

Vos canailles, si elles gagnent en notoriété à tant emmerder la civilisation, finiront par attirer l'oeil cupide des chasseurs de primes, la garde et une chasse à courre de la Noblesse, pas moins ! Et puis, comme le destin ne vous aura déjà pas gâté, il ne manquerait plus que votre journée commence avec des problèmes...Au fait, avec qui avez vous passé la nuit hier déjà ? La fille de qui ? La fille du marquis de quoi ? C'est quoi ce bruit de bottes dehors ?

A la différence du commun du commun de la fantasy, ce monde ci n'est peuplé ni de nains, ni d'elfes, ni de halflings ni de gnomes et encore moins d'orcs, mais d'espèces propres comme, outre les Humains et les Malebranches déjà mentionnés: les Marionnettes, être de bois conscients animés par la magie, les Morgants, semi géant imposants et bourrus, les Mystiques, ces humains nés avec d'étranges pouvoirs magiques, et les Sylvains, des êtres à la pilosité abondante vivant dans les forêts et peu enclins à fréquenter les civilisations "modernes".

Il ne faut pas non plus oublier que si l'on met l'accent sur l'humour, nous demeurons toujours dans un monde de coupe-gorges, de voleurs, de forbans, de guerre mais aussi de monstres dangereux et où l'on peut y laisser la vie à la moindre imprudence. Nos deux joueurs en ont fait les frais en manquant de se faire bouffer par un ours brun, en cherchant à récupérer une marionnette fugueuse excédée d'être traitée comme un jouet par son propriétaire à l'égo surdimensionné. 

Un ouvrage de belle facture, riche en illustrations très en phase avec le ton recherché de ce supplément mais aussi très méditerranéen, et dont la campagne de financement a été menée avec efficacité, rapidité, et un enthousiasme sincère habilement partagé. 

La vie en Etat-lie

Brancalonia est une alternative bienvenue pour jouer autrement, faire ce que l'on ose moins sous un statut de héros, et incarner des rebuts de la société, voleurs et menteurs, vivant à la petite semaine de corvées et petits méfaits. 

J'avoue, j'ai eu peur à son arrivée que Brancalonia n'emballe pas, (encore un jeu au système de la 5e ?!)et je suis heureux de m'être trompé, mais plus encore suis je heureux d'avoir été le témoin de l'assimilation et de l'adoption quasi immédiate de celui ci lors du test du scénario -excellent d'ailleurs - de mise en jambe du livre de base.

De la fantasy différente, avec plus de rire, plus de délire, un fantasy-spaghetti où l'on s'amusera aisément à placer quelques bonnes répliques de westerns du même cru de Sergio Leone. 

Bon, c'est pas tout ça mais "trêve de paroles, gibiers de potence... c'est l'heure de se mettre au travail!"

Brancalonia chez Studio Agate, et dont les ouvrages et accessoires peuvent se trouver dans leur ensemble ici.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
J ai joué un OS et j ai adoré... j espere pouvoir en jouer d'autres. J aime beaucoup les pre tire haut en couleur et surtout la gestion des bagarres de taverne.
Répondre
G
Oui, le jeu dans son entier est aussi tres haut en couleurs!