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Senior Rôliste

Blog sur le JDR, la littérature fantastique, des portraits de rôlistes, par un rôliste français vivant au Japon

Rushmore, le Texas profond

Voilà le troisième article que je consacre à un jeu de rôle écrit par Anthony Yno Combrexelle, qui devient un habituel de ma bibliothèque. 

On connaissait déjà Channel Fear, Patient 13, des jeux aux règles simples et au leitmotiv récurrent: de proposer un jeu clé en main, sans s'encombrer de système complexe, avec une mise en route rapide.

Rushmore est une proposition de jeu qui va nous placer dans une ville imaginaire du Texas, à Desolation, ville de 1300 âmes où vit la famille Rushmore, fossoyeur de leur état depuis quelques générations. Ils enterrent les morts, entretiennent le cimetière et, en plus, ils doivent aussi se débrouiller pour arrondir les fins de mois. Car les Rushmore ne roulent pas sur l'or et cochent toutes les cases du redneck dégénéré, inculte, stupide, violent et mythomane. 

Un livret de 56 pages, que du bonheur!

Les Rushmore, une fratrie de quatre mène une vie morne dans leur maison familiale pourrie et malodorante, jusqu'au jour où leur mère meurt en accouchant d'un fœtus desséché (précisons que leur père, l'époux légitime de la mère, est mort il y a 20 ans), doté de télépathie et communiquant avec ses frères et sœurs par ce biais pour les guider. 

Car avant de mourir, leur mère, connue dans la ville comme "La sorcière", a laissé ses dernières volontés sous la forme de post it énigmatiques sur le frigo jauni des années 60, frôlant parfois le délire d'un mauvais trip, car maman carburait à un cocktail quotidien d'hallucinogènes, de médicaments et d'alcool. 

Voilà donc les 5 héritiers (le cinquième ne pouvant qu'envahir l'esprit de ses frères et sœurs pour les conseiller) livrés à eux-mêmes et condamnés à accomplir les dernières volontés de leur mère. Non pas par respect pour cette dernière, mais parce qu'ils n'ont vraiment rien d'autre à foutre de leur journée, à part ramasser les œufs de leurs quelques poules et traire le lait de leurs 3 vaches broutant parmi les pierres tombales.

Les joueurs incarneront l'un des membres de la famille Rushmore - le "foetus" faisant office de meneur - chacun disposant de traits de caractère rendant l'interprétation véritablement unique. On a l’aîné, qui est saoul du matin au soir, avec une haleine de chacal; le deuxième, qui est complètement fou, avec des tendances pyromanes; la sœur jumelle, passionnée d’armes à feu, incapable de prononcer une phrase sans grossièreté; et, finalement, le plus jeune, un peu débile, qui passe sa journée à regarder des films pornos. 

Et malgré quelques obligations professionnelles, la famille Rushmore fait tout et n'importe quoi pour se maintenir la tête hors de l'eau: des vols à la tire, vols de voiture, des arnaques aux quelques rares touristes inconscients, quelques rares prises d'otages (souvent de clandestins) qui n'ont jamais trouvé payeur, rajoutant au cimetière  quelques tombes de parfaits inconnus dont tout le monde se foutait.

Desolation est une petite ville où tout le monde se connaît, et où beaucoup se détestent, les Rushmore eux-mêmes n'ayant pas beaucoup d'amis, hormis les quelques membres de la famille restants... À dire vrai seulement un, le grand-père, tueur en série emprisonné à vie dans la prison fédérale. 

Paysage euh...pittoresque ?

On commence donc très fort dans un cadre un peu loufoque où l'on est destiné à jouer une famille de ploucs enhardis, et estampillés de tous les arriérés frappant les habitants du mythique trou du cul de l'Amérique profonde: ignares, racistes, stupides, conspirationnistes et violents. Le choix du Texas n'est pas un hasard, et l'on peut très vite faire un parallèle avec la sinistre famille de Massacre à la Tronçonneuse. Mais on trouvera également d'autres éléments qui feront penser à la secte suicidaire Waco, aux groupes de junkies défoncés à la "meth", et à des tueurs en série notoires. 

De nombreux clins d'œil dans ce petit bac à sable qui marche à merveille -tant que l'on trouve les bons joueurs prêts à jouer les personnages hauts en couleur — car il dispose du strict minimum pour laisser les joueurs partir en vrille avec leur avatar demeuré. Et, comme je le disais plus haut, ça marche. Imaginez que l'on donne un cadre où le seul but des joueurs est de faire les plus grandes bêtises possibles pour satisfaire les dernières volontés de leur maman (scalper un prophète, foudroyer une innocente...), mais aussi de laisser libre cours à leurs pulsions déjantées pour créer des péripéties (on appelle ça des emmerdes) qui vont ajouter du piment fort aux séances. 

Et dans un patelin majoritairement peuplé de gens aussi cinglés que les Rushmore, on peut tout espérer. 

Rushmore est un 'shooter', un jeu de rôle qui peut se lancer en moins de 10 minutes, idéale pour des parties sur le pouce, en salon ou pour une initiation pour public averti, car aussi loufoque soit-il, la violence tant physique que morale dans le jeu peut ne pas convenir à tout le monde. Motorisé par le même système que Channel Fear, "Corpus Mechanica", celui-ci fait le travail et ramène davantage l'attention sur la narration. 

Rushmore vient sans scénarios pré-écrits. Les joueurs peuvent soit tenter d'exaucer les dernières volontés de leur défunte mère, soit simplement survivre à Desolation en montant des coups, pour le plaisir. 

Rose, un des personnages Rushmore à incarner

Et quand il s'agit de monter des coups, l'imagination n'a aucune limite, comme l'a prouvé une première séance qui valide haut la main la promesse du jeu. Jouable en one shot, ou en campagne pour aller au bout des post-it,

Un bijou que je ne saurais trop vous conseiller d'essayer!

Disponible à l'achat sur lulu via le lien suivant: Rushmore

En supplément, un extrait de résumé de partie:

Drame chez les Rushmore, la maman, Lucy, perd la vie en accouchant de son dernier enfant, malgré le soutien du "doc", le vétérinaire et médecin de famille. Pendant son agonie, Linc a tenté d'apaiser sa mère du mieux qu'il pouvait, tandis que Jeff regardait nonchalamment une clope au bec, Wash tentait d'alléger la douleur en versant des petits pois surgelés sur la tête de sa mère et Rose, quant à elle, insultait sa mère dans l'espoir de l'aider à se ressaisir. Hélas, Lucy trépasse après que l'enfant sorte en déchirant ses entrailles, et arrive dans les bras de Linc après avoir été propulsé comme un boulet de canon.  L'enfant, maigre et noirci, halète deux fois avant de cesser de respirer. Une voix résonne alors dans l'esprit des frères Rushmore, le fœtus s'adresse à eux et leur demande de prendre soin de lui, de le conserver dans une fiole remplie d'un liquide conservateur, leur promet de les ramener à la vie s'ils venaient à trépasser. Le doc quant à lui, a bien tenté de ranimer Lucy avec la batterie du pick up, mais cela se solde par un échec, et une petite blague de Rose ayant branché la batterie sur le doigt du Doc pour lui hérisser les cheveux. 

Aussitôt, Wash vide le bocal à cornichons, Linc y verse de la Vodka et insère le fœtus dedans. Le corps de Lucy gît dans la cuisine, son sang répandu sur le sol. Linc la nettoie, Jeff creuse un trou non sans ronchonner tandis que Rose enguirlande Wash pour X raisons. Après avoir creusé un trou, Wash propose d'enterrer leur mère avec leur père, exaspérant Jeff, qui peste d'avoir creusé un trou qui ne sert à rien et déterre la tombe du paternel - le corps désormais à l'état de vieux os gris - et y mettent leur mère, non sans prononcer une sorte de dernier mot d'adieu improvisé.

Après avoir rangé la cuisine, le shérif Parks arrive à la propriété des Rushmore, il demande à Lincoln, après lui avoir exprimé ses condoléances, de lui montrer le cadavre de leur mère et du mort-né (ce dernier est caché dans un lit, le bocal posé sur un oreiller et recouvert d'un lange - idée de génie de Rose).  Jeff n’a pas envie de creuser à nouveau la tombe de ses parents. Il l’a déjà fait deux fois, bordel de merde!

Parks, perspicace, comprend la réticence des enfants Rushmore et leur propose un deal: il ferme les yeux sur la constatation du décès qu'il remplira sans attendre et, en retour, il leur demandera un service qu'ils ne pourront pas refuser. L'affaire est entendue et le shérif repart.

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