Blog sur le JDR, la littérature fantastique, des portraits de rôlistes, par un rôliste français vivant au Japon
27 Octobre 2025
Avertissement - contenu explicite et humour noir. Ce récit du jeu de rôle Rushmore contient des scènes crues, absurdes voire choquantes: mort violente, langage vulgaire, références sexuelles, éléments grotesques ou dérangeants. Ici, aucune contrainte, aucune bienséance: tout est à prendre au quatrième degré.
Ames sensibles passez votre chemin. Vraiment.
C’est un lendemain comme les autres pour Linc: une haleine de kérosène, une gueule de bois infâme, et un voile flou sur la nuit d’avant, comme un vilain cauchemar trop réel.
Il dévale les escaliers, pour y trouver Rose en train tartiner ses orteils avec la boue vegan de feu Virginie Labutt. Quelque chose le chiffonne.
Il chope une bière dans le frigo, s’enfile une rasade et raconte à Rose qu’il a rêvé de se faire descendre par des poulets.
Rose hausse les épaules, et lui répond « ben c’est ptêt ce qui s’est passé, t’es resté à Amity Ville hier ».
Linc fronce les sourcils. « Comment j’suis rentré ? J’me suis trouvé dans mon lit ce matin. »
« Comment veux tu que je le sache, connard. On sait jamais comment tu rentres à la maison quand tu sors te bourrer la gueule en ville, alors ça change quoi ce coup ci ? »
Résigné, Linc fixe une bouteille de whisky…Lorsque son téléphone sonne - le shérif Parks. Trop fatigué -déjà- de s’emmerder avec l’appel quasi quotidien, il laisse Rose décrocher. Elle ponctue chacune de ses phrases par un «putain », « enculé » ou « connard », jusqu’à user le shérif qui exige de parler à Linc.
Le shérif, voix tendue, balance que Linc «n’est pas censé être là où il est » - une phrase floue mais lourde de sous-entendus. Et il lui indique qu’il passe le voir. Ce matin à la première heure…
A peine raccroché, le téléphone résonne. Cette fois de Francis, un nouveau prospect pour la location airbnb, qui demande à voir le logement avant de s’engager. Linc accepte à contre coeur, et se met à beugler après sa fratrie : « Bougez vous le cul! On a besoin des thunes bordel de merde! Y’a un client qui veut voir la piaule!».
Jeff, fidèle à son rituel matinal, brûle des vieilles fringues et des croix de gens dont plus personne ne visite la tombe.
Oncle Ringo, encastré dans un buisson, émerge de son coma éthylique en éructant bruyamment un mélange de bile. Pendant ce temps, à l’étage, Wash s’est enfermé dans sa chambre, volume à fond devant un film où 5 personnages hurlent de plaisir, pendant que le sommier grince sous ses mouvements suspects.
Le shérif Parks arrive, accompagné de deux agents, dont une femme à la chevelure rousse. S’ensuit un interrogatoire interminable auquel la famille ressert les rangs:
Le cadavre de Linc à Amity Ville ?
« Putain c’est dégueulasse cette photo, ça va pas shérif ? Vous voyez bien que j’suis devant vous c’est pas moi! »
La voiture des Rushmore trouvée à Amity ville, non loin d’une scène de crime - un junkie s’étant fait exploser la tête ?
« Ah ben voilà, on voulait justement vous le dire. Des foutus gitans ont pris notre voiture hier! »
La station service du vieux Mac
« Ouais on a entendu, ça a pété fort. Non on y était pas évidemment, ça doit être un coup des gitans »
Virgine Labutt, disparue depuis 4 jours?
« ben elle est partie, en quoi c’est notre faute si elle répond plus à ses vieux cette connasse ?»(Rose)
Les réponses, vaseuses, à mi chemin entre mauvaise foi et délire conspirationniste, tartinée d’une bonne dose de connerie, font péter les plombs de la policière, Theresa, qui explose : «Tu te fous pas un peu de notre gueule putain de redneck de mes deux ?» . Le regard fixe, elle repère Jeff, et le nargue en lui faisant deux doigts d’honneur bien sentis, cherchant à provoquer l’énervé de la famille.
Le shérif ,exaspéré, se tourne une dernière fois vers Linc : « un privé payé par la famille de la fille va se pointer pour faire ses recherches chez vous. Vois le laissez faire son boulot tranquille c’est compris ? Et au cas où l’un de vous voudrait jouer au con, j’vous rappelle que j’ai gardé quelques petits dossiers qui attendent juste le bon moment pour vous remettre dans le droit chemin. Compris? », puis il repart avec ses adjoints.
Après avoir confondu nord avec sud, le locataire potentiel, Francis, finit par trouver la maison Rushmore.
Il est accueilli par Rose, fusil à pompes en main, Wash qui lui dit quelque chose d’incompréhensible avec des gestes obscènes, et par un Linc souriant, mais à l’haleine particulièrement fétide, percutant Francis de plein fouet et le faisant reculer d’un demi pas.
« Moi c’est Francis, enchanté! Je suis un punk hippie new age, j’ai trouvé mon Jésus personnel, celui qui kiffe les cuites, la drogue et les partouzes. »
Main sur le coeur, il dégage une aura de sincérité déboussolante. En arrière plan, son Combi Volkswagen, repeint à la bombe, porte fièrement un graffiti en lettres dégoulinantes « Jesus Loves Anal ».
Ringo, à qui personne n’a demandé son avis, balance à la cantonade qu’il a connu un Jésus en prison. «Il était gentil avec tout le monde, il acceptait tout en lui », lâche t-il, avec un air goguenard.
Francis, feignant l’ignorance, s’efforce de ricaner au trait d’humour.
Linc entraîne Francis à l’intérieur pour lui faire le tour du propriétaire.
Jeff en profite pour fouiller le Combi, mais n’y trouve que du matériel de camping, quelques sachets de drogue, des magazines porno, de jardinage et de pêche à la mouche.
Flairant le danger après la visite du shérif, Ringo suggère un coup tordu: planquer les culottes de Virginie Labutt dans le Combi pour faire accuser Francis de sa disparition. Jeff fout le feu au reste des affaires de la disparue, y compris une grosse valise en plastique bleue et rose.
Pendant ce temps, Linc, s’improvisant expert marketing, sur-vend la chambre infâme sentant encore les pieds de Ringo d’avant hier. Francis a du mal à cacher son embarras. Linc, déballant une logorrhée de conneries marketing, embaumant en même temps la chambre de son haleine putride, sent le client lui échapper.
Il lui propose - non le force littéralement- dans un geste de dernier espoir « Et si je vous montrais notre cimetière? Une vraie expérience d’immersion bordel de merde »
Francis regagne son van après avoir vu le cimetière et entendu les insinuations macabres de Jeff qui était censé lui faire faire un simple tour. Il sourit poliment, prétexte des « courses à faire à Desolation » et promet de « reprendre contact très vite » avant de démarrer en trombe et filer en vitesse.
Ringo et Wash, flairant une embrouille, décident de le suivre en douce.
Francis s’arrête au Road house pour y casser la croûte. Ringo et Wash, toujours en filature, entrent à leur tour et prennent une table. Fauché, Ringo commande une bière et le sandwich le moins cher du menu, qu’il donne à Wash.
Ils observent Francis, en conversation au téléphone. Tentant une approche discrète, Wash se lève et se dirige vers la table de Francis. Il s’arrête pile à côté de lui, se fige comme un piquet, et se met à le fixer. Francis suspend sa phrase, atterré.
Pris de court, Wash lâche un pet sonore puis bafouille une phrase incompréhensible.
Ringo intervient pour limiter les dégâts. Il se saisit de Wash et ressortent du restaurant, après avoir créé un mini scandale: Ringo refuse de payer le pourboire de 20% sur la note, et parvient habilement à le faire reporter sur la note de Francis. Ils attendent dehors que Francis reprenne la route. Lorsqu’il quitte Desolation en direction d’une autre région, Ringo et Wash abandonnent la poursuite et reprennent la route vers la maison familiale.
Dans le même temps, Rose se rend compte que la voiture volée à Amity Ville pourrait les incriminer. Elle propose d’aller la revendre à la casse du vieux Sullivan. Ce dernier lui en propose 260 dollars. Rose n’ayant brillé en affaire, elle accepte sans discuter. Une fois la voiture garée loin dans le casse, elle réalise, pour la deuxième fois, qu’elle n’a prévu aucun moyen de retour.
Sous un soleil de plomb, elle marche en bord de la route, ses bottes crissant sur le gravier, la sueur dessinant des sillons sur sa peau déjà cuivrée. Une odeur de fritures émane de ses aisselles. Elle s’aperçoit que son nouveau haut moulant, piqué à Virginie Labutt, colle à ses formes. Elle s’essaie à l’auto-stop, se trouvant canon malgré la chaleur, bras levé, effluves rances s’échappant de ses aisselles.
Une camionnette ralentit. Sur son capot un drapeau confédéré, et un autre nazi.
A l’intérieur, trois des frères Fairey, des abattoirs du même nom.
La famille ennemie des Rushmore.
Accueillie par un Darryl Fairey, libidineux, souriant comme une hyène s’apprêtant à déchiqueter sa proie, il propose à Rose de la ramener chez elle, tout en évoquant un petit détour « juste pour discuter un peu toi et moi t’sais Rose ».
Le van s’arrête près d’un vieux cabanon bouffé par le sable.
La pressant de sortir pour « juste parler », Rose descend mais refuse le tête à tête avec Darryl. Quand il la saisit au poignet fermement, elle sort son revolver et le pointe entre ses jambes.
Le pistolet susurre alors dans son esprit « vas y…vas y…VAS Y LIBERE MOI, FAIS MOI EXPLOSER ».
Et elle tire.
Plus tard dans la journée, un petit homme en imper beige et cigarette au bec, débarque chez les Rushmore. L’enquêteur Colombus, avec sa dégaine, son imperméable d’un autre temps et sa manie de fumer sa petite cigarette, horripile Linc qui est obligé de supporter le petit homme reniflant dans tous les coins de la maison.
Escorté de la policière rousse, celle ci se montre plus bravache en l’absence du Shérif, et cherche des noises à Jeff, qui semble apprécier son style. Comprenant l’intérêt du redneck pour sa personne, elle lui propose 200 dollars pour se retrouver un soir dans un container, afin qu’elle l’attache (et qu’elle lui pète la gueule jusqu’à en perdre connaissance). Jeff, dominant dans l’âme, refuse. Mais on sent qu’il y pense encore.
Pendant ce temps, Colombus fouille la maison, fait des prélèvements de poils pubiens - d’après Linc en train de vider sa bouteille de whisky - dans la baignoire où Virginie a été tuée. Linc tente tant bien que mal de « polluer » les prélèvements de l’enquêteur en reversant du whisky sur son imperméable - et échoue lamentablement. L’enquêteur repart en emportant ses conclusions dans le silence avec lui.
Ringo, accompagné de Wash sur sa Harley, arrive au moment où la détonation retentit. Darryl s’effondre dans un cri aigu, les mains entre les jambes. Les deux autres frères réagissent: l’un sort son flingue, l’autre brandit sa hache. Le premier tente d’abattre Ringo qui est arrivé en faisant pétarader sa moto, mais Ringo l’abat en premier de plusieurs balles. La hache du troisième frère Fairey s’enfonce dans les côtes de Rose, qui s’effondre. Puis le frère est à son tour mis à terre par Ringo et Wash, qui sort ses deux haches et les plantent de part et d’autre de son cou. Le dernier Fairey s’effondre, agité de convulsions grotesques.
Ringo s’empresse de ramener Rose à la maison en quatrième vitesse à bord du pick up des Fairey. Linc appelle en urgence le vétérinaire médecin de famille qui rapplique, prend une rasade de whisky et injecte un anesthésiant pour cheval dans les fesses de Rose. Puis il sort du fil, une aiguille et commence à recoudre les chairs avec la même application qu’une césarienne sur une vache.
Alors que Ringo se dit qu’il boirait bien un coup, il se fige.
« Ma bécane...»
Il se souvient subitement qu’il a laissé sa Harley en plein champ de bataille, au milieu des cadavres des frères Fairey (enfin celui avec les couilles pulvérisées, Rose lui a interdit d’y toucher: « c’est mon prétendant enculé, pas touche ». )
Accompagné de Jeff, il retourne sur les lieux, déjà investi par la police. Ils continuent leur route après dix minutes de débat pseudo-tactique, et concluent qu’il vaut mieux rentrer pour dîner.
Et tandis que Rose se fait recoudre par le doc, Linc reçoit deux appels: le shérif, qui demandait s’il avait vu les Fairey, et son grand-père, furieux de ne plus recevoir les photos de fesses de son admiratrice.