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Senior Rôliste

Blog sur le JDR, la littérature fantastique, des portraits de rôlistes, par un rôliste français vivant au Japon

Portrait de rôliste: Le Voyageur

Le jeu de rôle est un voyage, une exploration aux limites repoussées par le terreau éternellement fertile de l’imagination. Au delà de cet atout linguistique qu’apporte le jeu de rôle à mes enfants, c’est leur imagination que je souhaite voir s’épanouir, se décomplexer, afin de vivre pleinement ce qui nourrit ces rêves d’enfants, et servira de saines fondations à définir les adultes qu’ils deviendront.

Faire du jeu de rôle est un voyage en soi avec une belle histoire à raconter. La première, dans le cadre du milieu associatif, a révélé bien plus que je n’escomptais, faisant naître en moi ce besoin d’en savoir plus, d’écouter et de raconter ces histoires.

Je reçois, à quelques dizaines de milliers de kilomètres de distance, Olivier Sanfilippo (site personnel), rôliste, cartographe et auteur de la nouvelle étoile montante dans le jeu de rôle français, l’Empire des Cerisiers (dont vous trouverez un article sur ce blog ici), et qui me fait la joie et l’honneur de partager le récit de son voyage toujours en cours.

Le jeu de rôle, d’abord déconstruit, commence très tôt pour Olivier avec ses amis, dans le village de l’enfance, entouré de forêts et de montagnes propices à vivre des aventures dont les frontières, aux yeux d’un enfant, ne connaissent aucune limites.

« Nous faisions déjà du grandeur nature sans le savoir, mais sans les costumes, juste avec ce qu’on avait».

C’est en colonie de vacances qu’il est initié à son premier vrai jeu de rôle, ne sachant qu’après plusieurs années, qu’il s’agissait de Donjons et dragons. Une découverte dont l’intérêt se ravive alors qu’il reçoit son premier jeu de rôle, Cyberpunk, et que dans son imaginaire, il s’abandonne.

« J’ai toujours aimé me perdre dans mes univers, sans pour autant perdre pied avec la réalité ».

Il approfondit sa pratique durant l’adolescence dans le milieu associatif, où il y découvre un moyen de satisfaire ses besoins de créer, d’éprouver et de vivre ses rêves.  « Le jeu de rôle complétait ce côté secret des univers avec une liberté encore plus poussée », il était, pour ainsi dire, un catalyseur pour propulser les jeux grisant de sa jeunesse au niveau supérieur. Il y fait aussi une rencontre importante de sa vie: sa meilleure amie, sa partenaire, son épouse et aujourd’hui mère de son enfant.

« La créativité, je ne peux pas m’en passer. On est toute une famille où l’imaginaire et la créativité fonctionnent à plein régime ».

Le crayon jamais loin pour dessiner, faire des croquis, il fait un passage aux Beaux-Arts mais ne s’y trouve pas, se réoriente vers l’Histoire, qui le conduira jusqu’au doctorat, et sa thèse fut consacrée à parler du Japon, au travers des yeux d’un explorateur, marchand français du XVIIème siècle: François Caron.

Son appétit pour l’histoire, la recherche, l’amène souvent à parcourir les vieilles collections de livres de son grand père, où il y trouve un autre véhicule pour son imaginaire: la cartographie.

« La cartographie m’a toujours fait rêver, c’est un appel à l’imaginaire, à l’aventure. Mon grand père avait de belles collections de livres reliés en cuir remplis d’Atlas que je dévorais pour imaginer des histoires en suivant les chemins, les cours d’eau… »

Mais alors que vient le temps de présenter la thèse, vient aussi celui d’une remise en question, des choix de vie à faire. Le destin s’en mêle car, à la même période, il reçoit un prix jeune illustrateur de la ville de Bagneux à l’occasion d’un festival, lui ouvrant une lucarne vers le monde professionnel de l’illustration. Un monde dans lequel, avec l’amour et le soutien de Madame Sanfilippo, il s’investira pleinement en 2013.

Sa nomination comme lauréat d’un Ennie Award (prix de distinction pour les jeux de rôle) pour une carte réalisée dans un jeu, lui ouvre les portes de grandes maisons d’édition dont Chaosium (l’Appel de Cthulhu), pour persévérer dans la cartographie: l’illustrateur/cartographe achève sa chrysalide pour désormais se présenter sous l’étiquette de cartographe.

Hormis le jeu de rôle il fera quelques incursions dans le monde de la littérature, dont Maxime Chattam (rôliste notoire aussi!) et Emmanuel Chastellière, mais également des couvertures de revues.

« J’ai toujours besoin de passer d’un truc à l’autre, besoin de diversifier ce que je fais, besoin d’exercer ma créativité sur plusieurs plans. La créativité demande de la diversité »

Outres les parties solo avec son épouse, ses amis ou sa famille, chez les Sanfilippo, le jeu de rôle est une activité en continu.

« Il m’arrive de faire des pauses, mais je continue de jouer dans ma tête ».

Olivier a grandi et s’est construit avec le jeu de rôle; il a toujours exercé une grande influence dans ses choix personnels et professionnels, comme une petite voix lui murmurant où poursuivre ce voyage de la vie.

« J’ai beaucoup voyagé. Ce que je vis dans le jeu de rôle, je le vis vraiment, il forge des moments intimes, de vie, d’émotion. Le jeu de rôle permet d’expérimenter des choses que tu ne pourrais pas expérimenter dans ta vie de tous les jours ».

Olivier Sanfilippo, le Voyageur

Ainsi, cest sous l’influence de la Légende des 5 Anneaux (un jeu de rôle prenant place dans un Japon médieval: lien) qu’il a choisi le Japon pour thème de sa thèse.

Le voyageur est curieux et a faim de connaissances, ce qu’il explore il souhaite le comprendre. Dans les pas de François Caron, Olivier étudie la culture japonaise pour en maîtriser les grandes lignes, en obtenir les clefs, et, plus tard, en imprégner son univers sans la travestir, pour en faire son hommage personnel, une déclaration d’amour à ce pays qu’il admire.

Un hommage, mais aussi un rêve d’enfant qui nous emmène à la plus monumentale étape de ce voyage :L’Empire des Cerisiers, « un grand morceau de moi »; pérégrinations à en perdre le nord dans des cartes fourmillantes de détails, sur le tracé de routes et de rivières, au travers de montagnes et de villages, de cités gigantesques, d’océans infinis, Olivier nous ouvre les portes d’un monde poétique, coloré, foisonnant, afin de nous faire vivre, à nous aussi, ce beau voyage dans son indomptable imaginaire.

Des étapes encore plus nombreuses à venir, avec d’autres ouvrages en cours de rédaction qui seront, selon ses dires, un bien plus grand et plus authentique « morceau » de lui.

Olivier est un rêveur et ne s’en cache pas; il aspire à vivre ses rêves forgés durant son enfance, ne les oublie pas, et veille à chaque grandes avancées, à cocher la liste de ses promesses gardées au plus profond de son coeur, pour réjouir celui de l’enfant qui les conçut dans son imaginaire.

« Je suis un rôliste, un joueur, un gosse, il ne faut pas oublier qui on est au fond, même dans les moments durs, on doit toujours se souvenir qui on est. Et il ne faut pas oublier non plus sa petite liste des « choses à faire » de notre enfance, car c’est exceptionnel de pouvoir la réaliser».

Donner de la réalité à nos rêves d’enfants, d’adolescents, c’est d’abord, durant l’enfance, leur donner la jouissance de pouvoir les vivre au jour le jour.

Olivier me conforte dans mon souci de préserver, pour mes enfants, ce jardin secret de leur imagination, de les aider à l’accepter pleinement, à le cultiver passionnément, à l’embrasser sincèrement comme une part qui définira le plus beau et le plus original de leur être.

Merci à toi Olivier de partager avec nous ton monde, ton univers, tes délires, ô combien sincères et doués d’assez de force pour concrétiser ces rêves d’enfants que tu oeuvres à réaliser.

Merci, enfin, pour cette conversation détendue et très ouverte!

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Y
Bonjour, Pour info, le lien vers les site perso est invalide
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G
Correction faite, merci de l'avoir signalé!