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Senior Rôliste

Blog sur le JDR, la littérature fantastique, des portraits de rôlistes, par un rôliste français vivant au Japon

Dune: Une partie de vous maintenant

La nuit est agitée pour Diane. Les cauchemars, perturbants, emmêlés dans les visions — ou est-ce le contraire — inondent son esprit. Après ce qui lui semble avoir été une chute dans le néant, Diane se retrouve soudainement transportée dans une salle vaste et sombre. Autour d’elle, des miroirs brisés couvrent les murs. Au centre se tient sa mère, qui l’observe toujours de ses mêmes yeux, la douceur, l’amour fou qu’elle lui porte dans ces yeux est criant.

Puis un sourire mystérieux se dessine sur son visage, elle lui dit alors, froidement «Tu n’as jamais été autre chose qu’un outil Diane, façonnée pour un plan de plus grande envergure». Elle se retourne et un masque Harkonnen couvre la moitié de son visage.
Puis Diane transitionne dans une pièce sombre, comme enfermée derrière un miroir sans tain. Devant elle, dans la pénombre, elle aperçoit Tuma, le maître espion, murmurant à un émissaire Harkonnen. Ils semblent échanger des informations, elle entend «Elle ne doit rien savoir» de la bouche de Tuma, dissimulant un sourire satisfait. L’accompagnant dans le fond de la pièce, Varka croise les bras, impassible.

Ses pieds foulent le sable du désert, dans un champ de bataille dévasté sous un ciel rouge. On se bat, des cris et des bruits de lames qui s’entrechoquent. Dante se bat désespérément contre des assaillants mystérieux le frappant de toutes parts, surgissant comme des fantômes du vent encombré de sable. Malgré son courage, il est mortellement frappé, une lame le transperce de part en part. Il s’effondre et se tourne vers elle, le regard rempli de dévotion. «C’était mon destin, tout était écrit pour toi. » Avant que les sables ne l’engloutissent. La vision la transporte dans un laboratoire allongée sur une table, encerclée par des cuves où flottent nombre de tes clones. Des murmures autour d’elle, des visages indistincts. «Elle est prête pour la prochaine étape»; un vent glacé parcourt son corps entier.
Suivi d’un vent de sable chaud et déchirant. Elle se retrouve à nouveau dans le désert, devant une foule de Fremen agenouillés. Aliyah, la Feydakin fanatique, la proclame Lisan Al Gaib devant la foule. Mais une rumeur s’élève, et des visages se retournent contre elle. «C’est une fausse prophétesse! Un outil des Harkonnen!» hurle l’un d’eux. Les regards se remplissent de haine et de doute. Le sol se dérobe sous Diane alors que des hommes et des femmes brandissent leur kindjals en s’approchant d’elle, menaçants.
Elle est assise à un banquet à la table des Harkonnen, en compagnie de Rabban le Boucher, qui lui fait face avec un sourire cruel. «Reprenez donc de la viande jeune marquise». Sur les assiettes devant elle, des fragments de corps mutilés qu’elle reconnait: ceux de sa mère, de Dante et d’Aliyah. Rabban rit à gorge déployée «Voilà ce que ton destin a apporté, jouis donc de ses fruits!» L’odeur de chair brûlée emplit l’air.

Elle marche parmi les décombres d’une planète dévastée. Les bâtiments autrefois grandioses et splendides de la maison Tiburonia sont réduits à des ruines fumantes. Le silence règne sur Tibur. une voix sombre et profonde lui murmure à l’oreille «Tu aurais pu les sauver, mais tu as échoué». Diane se retourne, mais ne voit rien, il ne reste rien sinon la désolation. Puis des ténèbres surgit un homme aux yeux bleus, vêtu comme un Feydakin. Il lui dit «Ton ascension sera notre perte», à chaque mot, son visage changeant à celui de sa mère, Dante, Tuma, Aliyah, Rabban, Tiepy...

Un hurlement secoue la maison Tiburonia tôt le matin. Diane est trempée de sueur, la clarté d’un jour n’a pas encore percé dans sa chambre, tout n’est que ténèbres. Un membre de la garde Docile fait irruption dans la chambre et demande à Diane si tout va bien. Dante, alarmé par les cris, arrive peu de temps après, ordonnant au garde de les laisser seuls. Il fait toujours noir, et pourtant les volets sont ouverts. 

Dante voit les cheveux de sa sœur collés à son crâne, la fièvre l’ayant sans doute frappée toute la nuit. Elle garde les yeux fermés, se croyant aveugle. Dante tente avec douceur de la conforter qu’elle ne l’est pas, que ses yeux sont simplement clos. Après une persuasion douce et patiente, Diane ouvre finalement les yeux pour se rendre compte qu’elle n’est, en effet, pas aveugle. Elle voit son frère, dont le visage expose une expression étrange.

«Pourquoi me regardes tu comme ça? J’ai l’air si mal en point?» demande-t-elle au frère aimé. «Tes yeux…» se contente-t-il de répondre sans savoir que dire de plus.

Diane se rend péniblement à son miroir, elle est faible, ce traitement de Tyepi n’aide décidément en rien, sinon à passer des nuits horribles peuplées de cauchemars, de visions sans queues ni tête.

Et puis elle comprend enfin l’émoi de son frère. Ses yeux sont d’un bleu de turquoise profond, les yeux d’Ibad.

Perdue, elle confie à Dante quelques bribes de visions qu’elle a eues cette nuit-là, la peur de le perdre, les visions de Tibur en ruine, de sa mère, et surtout «Je ne veux plus que Tiepy m’approche, je ne veux plus le voir près de moi, garde le loin de moi!» supplie-t-elle à Dante.

Peu de temps après, Tiepy arrive dans la chambre pour s’enquérir de la santé de Diane, mais il est tenu à l’extérieur par la garde sur ordre de Dante.

Aliyah, qui a convenu de passer dans la matinée à la maison Tiburonia, attend sur le pas de la porte. Tiepy suggérer d’annuler l’entrevue, mais Diane s’y refuse et souhaite rencontrer la Fremen énigmatique. Dante cède et laisse Diane se préparer. Écartant un Tiepy dont l’insistance commence à irriter le jeune Tiburonia, ce dernier annonce à ses proches collaborateurs que les yeux de Diane ont pris la teinte bleue des Fremens, un aveu accueilli par un silence de consternation.

Peu de temps après, la table est mise. Aliyah est introduite dans le grand salon et prend place autour d’une table aménagée pour accueillir le petit déjeuner. La garde Docile, malgré l’équipement d’apparat et le masque d’ivoire cachant tout visage, prend position, tendue, autour de la jeune femme.

La jeune marquise accueille à grand renfort d’effusion la Fremen et l’invite à déguster la collation qui est apportée en même temps que son arrivée, et restent toutes deux sous la supervision de Varka, Dante et une douzaine de membres de la garde Docile.

Tuma prend à part Tiepy et s’enquiert de la progression de sa requête concernant le remplacement d’Esposito. Mais un courrier de son mentat apporté en hâte conduit à un changement brutal de programme. Esposito a envoyé un courrier menaçant Tuma de tout révéler aux autorités et au Landstraad de l’assaut contre la maison Grazziani, précisant que s’il devait disparaître mystérieusement, une alarme automatique dans son réseau provoquerait la fuite de l’information compromettante.

«Bon, on doit s’en débarrasser au plus vite», dit Tuma. Le mentat précise que le versement d’une forte somme est demandé en échange du silence d’Esposito.

«Et qu’est-ce qui nous garantit qu’il ne parlera plus? Non, il faut l’éliminer au plus vite et au mieux sans déclencher l’alarme, il n’y a pas d’autres choix».

Le mentat s’incline et lui indique qu’il existe un moyen, mais il sera coûteux et sa garantie de succès faible.

Le petit déjeuner entre Aliyah et Diane devient le théâtre de nombreuses scènes atypiques et stupéfiantes pour Dante et son entourage. Diane, peut être encore sous l’emprise des drogues de Tiepy est prise de crises de transes en soubresaut se traduisant par des visions intermittentes, d’accès soudain à la prescience qui décontenancent Aliyah et la faisant douter de la santé mentale de son hôte.

Après une gorgée de thé à l’épice, Diane est prise d’une soudaine intuition: elle devine chez Aliyah cet être qui a beaucoup compté pour elle, cet homme, un vieux Fremen, lui a beaucoup appris et faisait souvent usage de mots qu’elle se répète en son for intérieur pour se conforter. Aliyah, pris de court, entend ces mêmes mots sortir de la bouche de Diane avec la voix du vieil homme.

Dante reste impassible, mais n’en demeure pas moins intrigué, il échange un regard avec un Varka aux yeux écarquillés.

Aliyah, semble-t-il confortée dans sa certitude qu’elle a bien à faire au Lisab Al Ghain, jure de protéger la marquise de sa vie. Diane l’invite à rejoindre la garde docile, demande qu’elle transmet à son frère, lequel, choqué, lui provoque un rare écarquillement d’yeux.

Mais les désirs de Diane sont des ordres, et le chef de la garde docile, à contrecœur, lui fournit un uniforme de la garde.

Le petit déjeuner se fait brunch puis apéritif, la soirée approche et l’heure du dîner au palais Harkonnen approche. Diane reçoit ses lentilles à temps pour cacher la couleur suspecte de ses yeux.

C’est dans la même grande salle où la soirée précédente avait eu lieu la fête, que le dîner est servi à une table de 8 couverts. Czoka a déjà pris place et invite avec enthousiasme la jeune Diane à prendre place à ses côtés. Peter de Vries fait son entrée non sans lancer un regard inquisiteur au jeune Dante, quelque chose semblant le mécontenter.

C’est enfin un Rabban hilare qui fait son apparition pour rejoindre les invités.

«Ah les Tiburonia! Très heureux de vous revoir, la fête d’hier était splendide, merci pour votre danse jolie et jeune marquise. Mais ne vous privez pas, mangez à volonté!».

Le repas commence, où nombre de mets délicats et variés sont servis. Peter prend de front la suite de la disparition des Grazziani avec Dante:

«La maison Grazziani n’est plus et vous avez acquis de nombreuses ressources de valeur… mais encore faut-il savoir les employer avec sagesse. Que suggérez-vous?»

Et Rabban de renchérir «Une maison de moins, cela doit vous soulager n’est-ce pas Tiburonia?» la bouche pleine, dessinant néanmoins un sourire carnassier.

Czoka en profite pour annoncer la hausse des quotas de récolte de l’épice. «Attendu que vos capacités de production ont augmenté, il est normal que vous preniez sous votre responsabilité la part de récolte d’épice des Grazziani».

Dante répond diplomatiquement à toutes les demandes de Peter et Czoka, sous le regard constamment amusé d’un Rabban psychotique.

Puis Peter change brutalement de sujet «Et les yeux d’Ibad de votre sœur, vous comptiez nous le cacher combien de temps Dante Tiburonia?». Un silence brutal se fait à table. Dante cherche ses mots, la ruse a été percée. «Vous pensiez vraiment nous cacher ceci avec de simples lentilles de camouflages ? Comprenez bien, Tiburonia, vous nous appartenez entièrement, et nous cacher des choses ne vous aidera aucunement…»

«J’ai pensé qu’il était plus prudent de garder cela au silence… nous ne comprenons pas encore ce que cela peut impliquer et… pour la sécurité de ma sœur, j’ai pensé qu’il était préférable de prendre ces mesures…» répond calmement Dante.

Rabban, pour couper le silence malaisé, rajoute «Des yeux de Fremen, si farouches et pourtant si vulnérables. Peut-être devrions-nous les faire ressortir davantage.»

Puis celui-ci tape dans les mains «l’heure du dessert!». Une pièce montée est apportée sur la table. Rabban tend le couteau et invite Diane à couper le gâteau en premier. Celle-ci s’exécute et constate dès la première coupe que le gâteau est creux. Elle marque une pause, hésitante.

«Continuez de couper, il y a une surprise pour vous tous!»

Le souffle saccadé, son cœur bat la chamade, car Diane est prise d’un mauvais pressentiment. Un pressentiment qui se confirme une fois l’odeur nauséabonde s’échappant de l’intérieur du gâteau.

Horrifiée, elle voit la tête coupée de la danseuse restée entre les mains de Rabban, enrobée d’un glaçage figeant son visage dans une expression de tourmente et de douleur insoutenable. Malgré le glaçage, les chairs sont putréfiées par endroit et la vermine y a fait sa colonie.

«Je vous rends votre danseuse, je n’en ai plus besoin, mais soyez heureux que je me suis bien amusé avec elle. J’espère qu’elle a été à votre goût dans vos assiettes.»

Les convives comprennent ce qu’était ce plat de viande si goûteux.

Rabban, partant d’un rire sinistre, termine le repas par «Désormais, elle fait partie de vous tous, souvenez-vous bien de ce qu’il en coûte d’aller contre les Harkonnen»

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