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Senior Rôliste

Blog sur le JDR, la littérature fantastique, des portraits de rôlistes, par un rôliste français vivant au Japon

Twilight 2000: Jour 4 - Fuir pour vivre

Episode précédent - Cap à l'Ouest

Journal du Doc - Jour 4:

Je le répètes à l'envi, mais ce char est un don du ciel. Qui sait comment nous aurions fini si nous étions entrés à pied à Kepno. J'essaie de ne pas trop le penser à voix haute, s'il fallait, par quelques mots mal placés, au mauvais moment,  mettre dans l'esprit la moindre idée défaitiste, tout partirait en sucette en un rien de temps. 

Avec Kalina j'ai l'impression d'avoir trouvé un petit rayon de soleil. Me concentrer sur elle m'apporte un peu de paix dans ce merdier. Malgré tout ce qu'elle a traversé, elle reste une enfant, qui exprime encore cet esprit curieux et joueur, pour attirer l'attention des grands. Je ne sais pas ce qu'elle a vu, je ne veux pas le savoir. Trop jeune pour en parler, pas de temps pour jouer les thérapeutes. Mais je suis toujours là pour elle, ça, je crois qu'elle le sait.

Tony fait le misanthrope en prétendant qu'il n'aime pas les gens, mais, dans le fond je sais qu'il protégerait la petite s'il le fallait.

Après un repos nocturne plus ou moins calme - une notion toute relative ici- je suis parti en promenade avec Kalina dans la forêt, histoire de s'aérer la tête et de la faire bouger un peu. 

Nous avons aperçu un cerf, j'ai essayé de l'abattre avec mon flingue, mais je n'ai jamais été chasseur. J'ai marché un peu trop vite sur un amas de brindilles qui ont craqué bruyamment, faisant fuir le cerf. Bon, il nous reste encore un peu d'ours cuit, mais après ce soir, il faudra picorer dans les rations militaires infectes. Nous avons poursuivi notre marche dans la forêt. Puis Kalina s'est plaint d'une douleur dans la cheville, je n'aurais pas dû la forcer, rachitique comme elle est, c'est évident qu'elle ne pouvait pas aller bien loin. C'est là que nous sommes tombés sur les chasseurs.

Ils étaient 4 autour d'un feu à manger une carcasse de viande en train de cuire. L'un des types s'est redressé avec son fusil et m'a dit de dégager. J'ai demandé s'il y avait du gibier dans le coin, un autre m'a répondu qu'il y en avait pas ici à partager avec nous et de foutre le camp. Nous avons rebroussé chemin, et c'est en me retournant que j'ai aperçu un peu plus loin, dans ce qui semblait être leur barda, une chaussure ainsi que des vêtements en sang. J'ai pressé le pas pour retrouver le char. Kalina m'a dit que deux types nous suivaient. J'espérais qu'ils s'assuraient juste que nous nous éloignions, mais la peur m'a pris à la gorge quand j'ai entendu la voix d'un des types m'appeler. 

"Hé l'ami!". Je me suis retourné, le flingue sorti, prêt à lui exploser la tête, et la main tremblante. 

«Non, non! Je ne te veux aucun mal, l’ami. Dis donc, la petite a pas faim ? Elle peut venir avec nous manger un morceau si elle veut".

"Non ça va, on repart chacun de son côté et tout ira bien", lui ai-je répondu, sentant de plus en plus sensiblement la menace qui commençait à peser sur nous, et surtout Kalina.

J'ai reculé pour tenter de trouver abri derrière un arbre. Le type était toujours là, les mains bien en évidence à essayer de jouer au diplomate foireux. Mais il continuait d'avancer à pas de loups, comme un putain de prédateur.

Et puis tout est parti très vite, j'ai tiré plusieurs fois sur lui, le touchant, mais pas mortellement. Il a hurlé de douleur et crié à son complice "Descends le Piete! Descends ce fils de pute! Et prends la fille vivante!". Des tirs ont fusé sur le côté, explosant le tronc d'arbre qui me servait d'abri. L’autre maraudeur a couru vers moi, tirant de son fusil à double canon, et m’a éraflé les côtes. Kalina a glissée de mon dos, et moi... Moi, j'ai senti la brûlure des cartouches me lancer. J'ai tiré en retour, touchant sa cuisse, et bien où il fallait, car il a sauté sur le côté pour se mettre à l'abri. J'en ai profité pour recharger. Le type à terre s'est mis à hurler plus fort pour rameuter ses potes. 

Le gars au fusil à canon double à tenter de me faucher, mais son tir est parti ronger un peu plus le tronc d'arbre. Il est alors sorti, un grand couteau à la main, pour me charger. J'ai vidé ce qu'il me restait de cartouches sur lui, l'arrêtant dans sa course et s'effondrant pour de bon. L'autre à terre s'est mis lui aussi à tirer avec son arme... pour finir en charpie alors que la cadence effroyable d'une mitrailleuse lourde est venue sur nos arrières. C'était Mirko qui rappliquait comme un ange de la mort, tirant devant lui et semant la mort et la terreur parmi les maraudeurs. Les deux autres avaient rappliqué et tiraient à la kalash, mais Mirko restait debout à vider ses ceinturons de cartouches, hurlant comme un dément. 

Le maraudeur ne ressemblait plus à grand-chose tant le feu de la mitrailleuse l'avait mis en bouillie. Les deux autres restants ont tenté de nous prendre à revers, mettant Mirko en danger, mais un tir retentissant à la tête, provenant du fusil de Tony, a coupé court à la manœuvre. Le dernier maraudeur, sentant la situation devenir désespérée, a bien essayé de fuir, mais il avait Mirko aux fesses. Mirko qui s'en est encore tiré sans une éraflure...

Miller est venu nous rejoindre, demandant à Mirko de surveiller le char, pendant que nous fouillions le camp des cannibales. De plus près, la viande que ces fumiers consommaient ne faisait plus aucun doute quant au "gibier" qu'ils chassaient. Nous avons laissé la nourriture - plutôt crever que de manger de la chair humaine - et trouvé quelques bricoles qui, en temps normal, n'auraient même pas attiré notre attention. Une télécommande encore en état, une barre de fer, un bonnet de ski, et les armes des types. 

J'ai porté Kalina jusqu'au char. En arrivant, Mirko nous regardait avec un air inhabituel. Il fixait la petite, puis s'est enfin décidé à dire quelque chose pour espérer comprendre le pourquoi de sa fixation. "Blessée ?" m'a-t-il demandé. Ce balourd se faisait donc du souci pour Kalina. Ça m'en a arraché un sourire. La petite avait la cheville gonflée en raison d'une coupure qui commençait à s'infecter, j'ai traité ça avec tout ce que j'avais. La moindre infection dans ce bourbier pouvait conduire à la fièvre, la septicémie... puis la mort.

Nous avons repris notre route, si on peut appeler ça une route : la forêt est dangereuse, les villes et les villages encore plus. Il n'y avait aucun endroit sûr où aller, c'était toujours un risque à prendre. Mais nous avions Tony, qui faisait du bon boulot de repérage avant de se hasarder. Miller, lui, gardait un semblant de discipline dans le groupe. Il avait ses cartes avec lui, d'avant la débâcle de Khaliz et, potentiellement, le moyen de nous trouver un endroit où nous poser. Mais les cartes étaient elles encore fiables aujourd'hui ?

Nous sommes arrivés en vue d'une ferme apparemment occupée par des hommes armés. Tony est resté en retrait en sniper d'appui, tandis que Miller décidait que nous irions voir. Nous avons mis les couleurs US au char. À notre approche, il y a eu de l'agitation, mais pas de tirs, des sacs de sable étaient posés aux entrées de la ferme. Derrière, un pickup monté d'une mitrailleuse nous tenait déjà en joue tandis que nous approchions lentement.

Des sacs de sable aux entrées (Urban ops - Twilight 2000)

Un type escorté de 10 hommes armés s'est avancé vers le char, levant le bras et s'adressant en polonais. Je suis sorti pour aller à sa rencontre.

"Vous êtes américains ?" m'a-t-il demandé. "Américains et polonais, moi je suis polonais, je suis médecin".

L'homme a acquiescé avec un sourire. «Belle pièce, ce char-là! Il faudra payer le prix du passage.» Vous avez encore assez de carburant ? On peut faire affaire."

J'ai traduit à Miller, qui a suggéré qu'on leur donne deux fusils ramassés chez les cannibales en paiement, puis m'a demandé de traduire ses questions.

"Avez-vous aperçu d'autres Américains ?

- Non, vous êtes les premiers qu'on voit depuis longtemps. Les Américains sont partis après l'offensive des Russes. Les missiles ont plu partout. Il faut faire attention au sud-ouest, vers Walbrzych. Les Soviétiques y ont lancé un missile tactique nucléaire; il y pleut des cendres, il vaut mieux l’éviter.

Rebondissant sur le fait que je sois médecin, l'homme, Alexis, m'a demandé si je pouvais les aider avec une épidémie qui touche les plus jeunes en ce moment. Les symptômes qu'il m'a décrits m'ont tout de suite fait penser au choléra: diarrhées, fièvre avec forte mortalité. J’ai immédiatement décidé que Kalina ne se mêlerait pas aux enfants de ce lieu et ne consommerait que ce que nous avions préalablement traité.

Alexis nous a autorisés à entrer, et à profiter du refuge pour nous reposer et nous ravitailler. Je pense surtout que c'était le fait que je sois médecin qui nous a permis de rester à l'abri. Miller a rappelé Tony qui nous a rejoints. Nous avons profité d'un peu de repos et, pour une fois, sans trop nous inquiéter. Même si Miller avait décidé de maintenir les tours de garde de chacun. Le char reste un bien rare et extrêmement précieux dans cet enfer.

Episode suivant: Septicémie...et morale

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